Le rôle de la diaspora

Aujourd'hui, j'ai envie d'aborder une thématique qui me concerne directement. Il s'agit du rôle de la diaspora dans l'appareil politico-économique des pays d'Afrique et plus particulièrement de la République Démocratique du Congo.

La problématique est la suivante : Dans un contexte où le pays a désespérément besoin que soit mobilisé l'ensemble de ses forces vives et de ses meilleurs éléments, peut on résolument se passer des diplômés de la diaspora qui restent vivre dans leurs pays d'acceuils ? Privant ainsi le pays du dynamisme qu'ils pourrait insuffler.

Je commencerai ma réflexion par l'explicitation du rôle que tient la diaspora au jour d'aujourd'hui.

Puis je terminerai par exposer brièvement des pistes de réflexion pour nous amener à nous demander si oui ou non il s'agit d'un devoir moral pour les africains à l'étranger de rentrer au pays.

Le rôle de la diaspora

          La diaspora possède un fantastique atout d'analyse politique que les locaux n'ont pas : le recul.

En effet, l'histoire montre que le temps permet de mieux appréhender un évènement historique, les enchaînements de faits qui l'entoure, les causes et les conséquences de celui-ci. Cela est également vrai pour la distance géographique. La position d'observateurs extérieurs dont jouissent les membres de la diaspora congolaise leurs permet d'appréhender la situation du pays avec parfois plus de clés de compréhensions

ATTENTION, Il ne s'agit pas là de dire qui dans l'histoire détient la "vérité vraie" ... Seulement voilà, on rétorque souvent à la diaspora de ne pas avoir conscience de la réalité du terrain et du quotidien du peuple congolais sur le territoire national. Cela est incontestable. Pourtant, l'équation n'est pas aussi complexe ! Un point de vue avec du recul jumelé à la connaissance du terrain, voilà ce qui devrait permettre le renouvellement d'une classe politico-économique congolaise en perte de vitesse. Car ce renouvellement, le pays en a urgemment besoin, des décennies entachées de parodies démocratiques, d'arbitraire judiciaire et de corruption nous montre que la mentalité de la classe politique congolaise notamment est littéralement gangrené par un certain nombre de vices dévastateurs ...

          Bien sur, aborder le sujet de la diaspora va plus loin que cela, bon nombre de membres de cette diaspora sont allés en occident pour faire des études, ont acquis certaines compétences et sont désormais aguerris à l'exercice de leurs fonctions dans un cadre structuré et professionnel.

En effet, je suis de ceux qui sont convaincus que les compétences de ces congolais de l'étranger ( médecins, avocats, journalistes, scientifiques, économistes, hommes d'affaire, universitaire ) ont leurs rôles à jouer dans le renouveau du pays qui nous est chers à tous.

ATTENTION (bis), Il ne s'agit pas là non plus de traiter nos étudiants congolais avec dédain, ce serait bien trop insultant à leurs égards. Seulement soyons logique, le gouvernement ne met pas assez de moyens au niveau de l'éducation pour qu'émerge une élite dans chaque domaine. Seuls les jeunes qui se démènent le plus ou qui ont certaines prédispositions sont capables d'aller au bout du cursus estudiantin ! Gâchant ainsi, le potentiel d'autres jeunes qui pour des raisons X ou Y auraient eu besoin de davantage d'encadrement et/ou d'infrastructures pour aller au bout

Médecins, Avocats, Hommes d'affaires, Journalistes, Informaticiens, Scientifiques et j'en passe.

          Outre les deux aspects cités, il n'est pas négligeable de jeter un oeil sur le rôle économique de cette diaspora. Les transferts de fonds des familles en Europe ou aux États-Unies vers la RDC représente souvent une grande partie du pouvoir d'achat de bon nombres de familles. Parfois ce sont des familles de 10 à 15 personnes, parfois plus, qui sont soutenues financièrement par les immigrés.

Ce soutien est parfois cruciale pour la survie de certains. Cependant, l'effet pervers est que la motivation pour la recherche d'un emploi n'est plus aussi forte lorsque la donnée de la survie est moins forte.

Mon opinion

          On vois donc que sur un aspect politique, technique et économique la diaspora joue déjà un rôle dans le paysage congolais. Elle est un acteur à part entière de la vie congolaise.

Mais la question reste entière ? Doit on en demander plus ?

Soyons lucide et réaliste ! Comment reprocher à un père de famille installé et marié de ne pas tout plaquer pour rentrer au pays ? Chacun a son parcours personnels, on fait des rencontres, quand on est partis très tôt du pays on se construit, on se réalise parfois dans le pays d'acceuil. 

Ça n'apparaît donc pas systématiquement comme une évidence de rentrer à tout prix au pays.

          POUR MA PART, je ne me suis jamais posé cette question. Allez savoir pourquoi, j'ai toujours pensé mon avenir comme une route qui m'aidera à me réaliser. Or, me réaliser équivaut à rentrer au pays pour tenter d'apporter ma pierre à l'édifice, mourir en ayant fait ce que je pensais moralement juste.

Vous l'aurez compris, pour moi, tout cela relève du DEVOIR MORAL. Rentrer et se mettre au service du pays est un devoir moral pour moi.

Estimant avoir eu la chance de bénéficier d'études de qualités et d'un cadre propice à mon développement et épanouissement intellectuel, j'ai parfois l'impression de devoir rembourser le tribu de cette chance qui n'est dû qu'au hasard de la création...

Qu'en pensez vous ... ?

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